L'ex-juge d'instruction, candidate aux européennes sous la bannière d'EUROPE ECOLOGIE, pressentie à un moment avec le MoDem, dénonce la mainmise de Nicolas Sarkozy sur la justice.
A la question du journaliste : que pensez-vous de la réforme de la procédure pénale, proposée par le comité Léger mais inspirée des souhaits du président de la République ?
Mme Joly répond : " elle poursuit un but purement politique et ne devrait pas prospérer. Supprimer le juge d'instruction consiste à éliminer un contre-pourvoir. Je ne veux pas faire un procès d'intention à N. Sarkozy, mais cette réforme survient alors que les juges d'instruction enquêtent sur des personnes très proches de lui"
Le journaliste - A qui faites-vous allusion ?
"Je pense à des choses précises. Vous n'avez qu'à chercher. Sur le fond, éliminer le juge d'instruction sans rendre le parquet indépendant revient à mettre la justice entre les mains du pouvoir. une mesure rêvée par beaucoup d'Etats au monde. Dans les faits, le parquet de Paris a déjà intégré les désirs du Président de garder le contrôle des affaires. Ainsi, les autorités allemandes ont transmis à la France une liste de sociétés, Adidas, Michelin, Elf, qui auraient détenu des comptes dans un paradis fiscal, mais le procureur n'a pas ouvert d'instruction ni sollicité une entraide judiciaire. Autre exemple : pensez-vous que le parquet de Paris requerrait contre les groupes Bolloré ou Bouygues, dirigés par des intimes de Nicolas Sarkozy ?"
Pourtant, dit le journaliste, le pouvoir des juges d'instruction a été mis en question lors de l'affaire d'Outreau ou de la garde à vue d'un dirigeant de Libération...
"Nicolas Sarkozy s'est servi de ces affaires pour habiller sa réforme à la sauce humaniste, mais c'est absurbe. On ne peut pas se fonder sur des fautes commisses par quelques juges qui auraient perdu le sens commun pour porter atteinte à l'indépendance de la justice. Et puis, qui peut croire que la police, sous les ordres du parquet, lui-même sous les ordres du ministère de la justice, commettrait moins d'erreurs ? De plus, je suis choquée par le comportement du président à l'égard de quelques magistrats. Je ne comprends pas qu'il puisse décorer la juge ayant réglé son divorce ou faire commandeur du Mérite le procureur de Nanterre, qui est l'un de ses proches. Je rappelle que ce dernier a été nommé à Nanterre contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature"
Le journaliste : selon un sondage récent, 71% des Français soutiennent le rôle d'enquêteur du juge d'instruction : qu'en pensez-vous ?
" Cela signifie qu'ils sont moins bêtes que leurs dirigeants. On tente de faire passer en force une réforme que l'opinion juge dangereuse". propos recueillis par Jean-Marie Pontaut publié le 26 mai 09
Madame anti-corruption continue de délivrer des vérités, et Bayrou a raison de dire que nous vivons constamment en abus de pouvoir avec le sarkozysme.
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