20H35 demain "A VOUS DE JUGER" Arlette Chabot reçoit Eric Besson Ministre de l'intégration, de l'identité nationale, de l'immigration sur le thème de L 'IDENTITE NATIONALE? il sera question des élections régionales - rien d'étonnant !... et un face à face avec Marine LE PEN est prévu.
On peut lire dans le journal Le Monde.fr sous le titre "Ce que Sarkozy propose, c'est la haine de l'autre" un interview d' Emmanuel Todd, démographe et historien il a 58 ans, il est ingénieur de recherche à l' Institut national d'études démographiques (INED). Inspirateur du thème de la fracture sociale, repris par Jacques Chirac lors de sa campagne présidentielle de 1995, il observe depuis longtemps la coupure des élites et classes populaires. Il livre pour la première fois son analyse du débat sur l'identité nationale. Sans dissimuler sa colère "Si vous êtes au pouvoir et que vous n'arrivez à rien sur le plan économique, la recherche de boucs émissaires à tout prix devient comme une seconde nature", estime-t-il.
Question du journaliste du Monde : Que vous inspire le débat sur l'identité nationale ?
Réponse d' E. T. " Je m'en suis tenu à l'égard autant que possible, car ce débat est, à mes yeux, vraiment pervers. Le gouvernement, à l'approche d'une échéance électorale, propose, je dirais même impose, une thématique de la Nation contre l' islam. Je suis révulsé comme citoyen. En tant qu'historien, j'observe comment cette thématique de l'identité nationale a été activée par en haut, comme un projet assez cynique".
Question : Quelle est votre analyse des enjeux de ce débat ?
Réponse d' E.T. " Le Front national a commencé à s'incrustrer dans le monde ouvrier en 1986, à une époque où les élites refusaient de s'intéresser aux problèmes posés par l'intégration des populations immigrées.
On a alors senti une anxiété qui venait du bas de la société, qui a permis au Front national d'exister jusqu'en 2007. Comme je l'ai souligné dans mon livre, "Le Destin des Immigrés" (Seuil) en 1994, la carte du vote du FN était statistiquement déterminée par la présence d'immigrés d'origine maghrébine, qui cristallisaient une anxiété spécifique en raison de problèmes anthropologiques réels, liés à des différences de système de moeurs ou de statut de la femme. Depuis les tensions se sont apaisées. Tous les sondages d'opinion le montrent : les thématiques de l' immigration, de l'islam sont en chute libre et sont passées largement derrière les inquiétudes économiques. la réalité de la France est qu'elle est en train de réussir son processus d'intégration. Les populations d'origine musulmane de France sont globalement les plus laïcisées et les plus intégrées d' Europe, grâce à un taux élevé de mariages mixtes. Pour moi, le signe de cet apaisement est précisément l'effrondrement du Front national".
Q : On estime généralement que c'est la politique conduite par Nicolas Sarkozy qui a fait perdre des voix au Front national ...
R : " Les sarkozystes pensent qu'ils ont récupéré l'électorat du Front national parce qu'ils ont mené cette politique de provocation, parce que Nicolas Sarkozy a mis le feu aux banlieues, et que les appels du pied au FN ont été payants. Mais c'est une erreur d'interprétation. La poussée à droite de 2007, à la suite des émeutes de banlieue de 2005, n'était pas une confrontation sur l'immigration, mais davantage un ressentiment anti-jeunes exprimé par une population qui vieillit. N'oublions pas que Sarkozy est l'élu des vieux".
Q : Comment qualifiez-vous cette droite ?
R : "Je n'ose plus dire une droite de gouvernement. Ce n'est plus la droite, ce n'est pas juste la droite... Extrême droite, ultra droite ? C'est quelque chose d'autre. Je n'ai pas de mot. Je pense de plus en plus que le sarkozysme est une pathologie sociale et relève d'une analyse durkheimienne - en termes d'anomie, de désintégration religieuse, de suicide - autant que d'une analyse marxiste - en termes de classes, avec des concepts de capital-socialisme ou d'émergence oligarchique".
Q :le Chef de l' Etat a assuré qu'il s'efforçait de ne pas être "sourd aux cris du peuple". Qu'en pensez-vous ?
R : "Pour moi, c'est un pur mensonge. Dans sa tribune au Monde, Sarkozy se gargarise du mot "peuple", il parle du peuple, au peuple. Mais ce qu'il propose aux Français parce qu'il n'arrive pas à résoudre les problèmes économiques du pays,c'est la haine de l'autre. La société est très perdue mais je ne pense pas que les gens aient de grands doutes sur leur appartenance à la France. Je suis plutôt optimise : quand on va vraiment au fond des choses et dans la durée, le tempérament égalitaire des Français fait qu'ils n'en ont rien à foutre des questions de couleur et d'origine ethnique ou religieuse !"
Gageons que demain l'audimat de France2 sera conséquent mais de grâce Monsieur le Président arrêtez ce débat.
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