Créer un réseau
Je vais aborder aujourd’hui les principes de la création d’un réseau sur
lequel transite un trafic. Vous penserez immédiatement à un réseau routier, mais
je puise mon expérience dans l’informatique. Cependant, ces deux réseaux ne sont
pas si différents quand on y regarde de plus près. Ils essayent de répondre aux
mêmes types de besoins : acheminer un ou plusieurs éléments déterminés d’un
point à un autre. Ils se construisent de la même façon, nous allons voir comment
dans la suite de ma démonstration. Et enfin, leur organisation est
similaire.
Définissons tout d’abord notre problématique : je veux
acheminer d’un point A à un point B un élément défini. Il peut s’agir
d’une personne, d’un colis, d’un objet, d’une information etc. Le point A et le
point B peuvent être rapprochés ou éloignés. D’autres éléments susceptibles
d’encombrer le réseau sur lequel j’achemine mon élément peuvent transiter.
Finalement le réseau lui-même peut être endommagé et perturber le
transit.
Intéressons nous d’abord à la construction du réseau au niveau
local. Sur un espace réduit, nous pouvons connecter tout le monde avec tout le
monde. Nous pouvons considérer que nous nous trouvons là au niveau d’un village
dans le cas d’un réseau routier, ou d’un établissement pour un réseau
informatique d’entreprise. Les connexions restent peu couteuses à cette échelle
et il est particulièrement efficace de les multiplier. Ceci s’apparente à une
route principale qui traverse notre village et des routes secondaires qui mènent
aux habitations. Comme l’espace est réduit, la route principale n’est jamais
saturée.
Imaginons maintenant que l’espace s’étende, dans le cas d’une ville
par exemple. Nous allons être obligés de créer plusieurs réseaux réduits qui se
connectent entre eux. Plusieurs routes principales se rejoignent et chacune
d’elles alimente des routes secondaires. Cependant, lorsqu’une route principale
A sert de jonction entre deux autres routes principale B et C elle est
susceptible d’accueillir, au pire, au même moment, l’ensemble de circulation de
ces deux routes principales B et C. Nous commençons maintenant à voir nos
premiers risques d’engorgement. Deux solutions s’offrent à nous : élargir la
voie et la transformer en avenue, ou bien, modifier le trafic pour qu’il accepte
une plus grande densité d’éléments. Dans la pratique ce dernier cas consiste à
mettre en place des transports en commun et un service de poste, qui
s’organisent eux même comme des réseaux à part entière et qui sont donc soumis
aux mêmes problématiques. Il faut remarquer que ces supra-réseaux sont supportés
par le réseau primaire (les routes) et qu’un engorgement du réseau primaire
ralenti également les supra-réseaux. Il peut être alors nécessaire de donner la
priorité d’un trafic par rapport à un autre – créer une voie de bus par
exemple.
Continuons notre expansion. Nous voulons maintenant relier nos
villes et nos villages. Il est impossible de construire des rues entre les
villages parce que ce type d’infrastructure n’est pas adapté au trafic attendu :
elle doit en effet être rapide. Elle subit également le même effet que la rue
principale A du précédent paragraphe : elle peut accepter, au pire, au même
moment, l’ensemble du trafic des deux villes ou villages qu’elle relie même si
statistiquement ceci est improbable – mais pas impossible, vous avec tous pu
vous en rendre compte quand vous êtes parti en vacances en été sur l’A7. Le
réseau de liaison que nous allons construire s’étend sur une surface et il est
impossible de relier chaque ville ou village avec tous les autres villes ou
villages par une seule route qui lui serait propre. Par ailleurs toutes les
liaisons n’auront pas le même trafic parce que la taille des éléments reliés
influe sur l’importance des liaisons elles-mêmes. Nous allons donc relier les
villes les plus importantes entre elles, en réseau maillé. Ceci signifie tout
simplement qu’une ville est reliée à ses voisines les plus proches par une voie
à très forte densité de trafic – une autoroute - et qu’il est nécessaire de
passer par une ville voisine pour rejoindre la ville suivante. Les autoroutes
sont reliées entre elles au niveau d’une ville par un nœud, généralement un
périphérique. Il existe une autre façon de faire, utilisée notamment pour les
trains. Nous construisons des voies rapides qui évitent les villes, mais passent
par des répartiteurs qui permettent de relier les villes et les villages qui
jouxtent les autoroutes. Cette organisation se rapproche du système de la rue
principale qui alimente les rues secondaires, ici c’est une route principale qui
alimente des routes secondaires. Cette organisation existe de toute façon pour
relier les villages aux routes principales. Il est également nécessaire de créer
et d’entretenir un réseau de routes maillé qui relie les villages entre eux et
les villages aux villes et qui permet également de rejoindre les
autoroutes.
Un point vous laissera certainement dubitatif : le réseau routier
s’est développé à partir de petites routes et non à partir des autoroutes. C’est
vrai, et généralement l’augmentation de la taille des routes dépend du trafic
qui y passe. Et ceci pose un problème : il arrive parfois que les rues ou les
routes ne puissent pas augmenter en taille, et dans ce cas, la seule solution
pour absorber le trafic qui y passe est de créer et d’entretenir un
supra-réseau.
J’ai exposé ici la problématique du réseau sans m’étendre sur
les problématiques annexes qui sont l’acceptation par la population de la
création ou de l’élargissement d’une voie ou de la priorisation d’un
supra-réseau sur un autre. Il faut garder en tête que cette problématique existe
et est importante, et qu’il est important de bien préparer les argumentations
qui doivent permettre de convaincre du bien fondé de l’extension de
l’infrastructure.