"Trop souvent, les citoyens entendent que la dépense publique est un poids insupportable pour la société. Un discours trompeur, car les services publics sont et doivent demeurer un outil au service du bien-être commun.
La dépense publique représente un peu plus de 50% du PIB en France. Mais cela ne signifie pas que "plus de la moitié de la richesse va au secteur public". Plus du tiers de cette dépense est constitué de prestations sociales en espèces (378 milliards d'euros en 2010 : retraites, allocations chômage, etc) versées aux ménages. Quant- aux fonctionnaires, ils ne sont pas improductifs, ils augmentent le PIB et leur création de services non marchands se retrouve dans la consommation des ménages sous la forme de transferts sociaux en nature (311 milliards en 2010) comme les soins et l'éducation. On mesure ainsi la vacuité du discours assimilant par principe la dépense publique à une "charge". Près de la moitié du revenu des ménages provient de la dépense publique et, avec la production non individualisable (justice, police, armée ... soit 169 milliards en 2010) on dépasse les 50%. L'impôt sert à payer les services publics. Il jour, au fond la même fonction que le prix pour le privé : il valide la production des fonctionnaires. .......
.... cette dépense publique est indispensable au privé : l'économie a tout à gagner d'une population éduquée ou d'infrastructures modernes. Et les retraites ou les allocations chômage soutiennent la consommation, et donc les débouchés des entreprises. Les nations qui ont une dépense publique élevée sont souvent celles où il fait bon vivre, comme les pays nordiques, où il est admis que payer des impôts est une bonne chose...
Depuis 30 ans, néolibéralisme oblige, les services publics sont à la diète et les privatisations progressent. Le bilan est peu satisfaisant : les rapports s'accumulent qui pointent la dégradation dans les secteurs exigeant des engagements massifs (transports ferroviaires etc) ou bien encore les dérives financières des partenariats public-privé. Cette offensive a déstabilisé l'Etat socia. Faut-il en conclure qu'il a disparu ? En fait, la redistribution est toujours massive. En termes de revenus primaires (salaires, revenus du capital etc) avant toute redistribution donc, les 20% les plus riches touchent, en moyenne, 8,1 fois plus que les 20% les plus pauvres. Les prestations sociales en espèces permettent de réduire l'écart à 5 et les transferts en nature (soins, éducation etc) à 3,2. Il reste néanmoins de la marge pour davantage de justice sociale."
Excellente analyse, comme quoi les idées reçues ont la vie dure !
Christophe Ramaux Chercheur au centre d'économie La Sorbonne - Matisse
Les commentaires récents