Extraits :< LES POLITIQUES ONT ABDIQUE LEUR POUVOIR>.
Question du journaliste de Marianne : "Avec l'affaire des bonus de BNP Paribas, les citoyens ont le sentiment que leurs gouvernants, impuissants, courent perpétuellement derrière les banquiers : Fantasme ou réalité ?
Réponse de Paul Jorion : " Mon sentiment est différent. Ce n'est pas tant que les gouvernants courent derrière les banques mais qu'ils restent dans l'ensemble prostrés dans un profond silence. La causede ce mutisme est à rechercher d'une part dans l'incompétence qu'ils s'attribuent en matière financière et d'autre part dans la propension constante qu'ont eue les politiques à placer la sphère financière en dehors de leur propre juridiction. C'est le cas en Europe, et aussi, et depuis beaucoup plus longtemps, axu Etats-Unis, àù la réserve fédérarale n'a pas cessé de gagner du pouvoir au fil des années. La puplart des politiques, de la droite au centre gauche, ont été acquis dans les années 80, à l'idéologie des marchés autorégulateurs qui seraient plus efficaces que les Etats. Des domaines de décision ont été retirés aux politiques et confiés à des institutions proclamées autonomes, peuplées d'économistes formés aux thèses "anarcho-capitalistes" de l'école de chicago. La Fed et la Banque centrale européenne sont dotées de pouvoirs sans cesse plus importants relevant traditionnellement de la puissance publique. On a, sous prétexte d'indépendance, retiré entièrement la finance de la sphère d'influence du politique. Cette abdication a permis aux banques centrales, en Europe comme en Amérique, de devenir des Etats dans l' Etat".............................
..... "Dans une certaine manière nous sommes dans la continuité de l'histoire américaine. Depuis l'affrontement Jefferson-Hamilton à la fin du XVIIIe siècle, il est acquis que les milieux d'affaires dominent la politique des Etats-Unis, aussi bien extérieure qu'intérieure. On ne connait qu'une seule exception : la période 1933-1941, sous le New Deal de Franklin Roosevelt".
" ....L'approche traditionnelle pour résoudre les crises du capitalisme consistait à privatiser les profits et à socialiser les pertes. Autrement dit, en cas de catastrophe, les budgets des Etats venaient régler l'addition. C'est d'ailleurs la statégie que l'on a voulu mettre en oeuvre en 2007. Mais on s'est aperçu alors que la masse de dettes dépassait largement la capacité des budgets publics. Cela crée un contexte entièrement nouveau. Ayant exclu les nationalisations, on a assoupli les règles comptables pour permettre aux banques de présenter dans leurs comptes d'exploitation des chiffres qui leur éviteraient la faillite; Ce faisant, on a brisé une règle fondamentale du capitalisme qui exige la transparence sur la situation des agents économiques et de leurs actifs. Résultat : la valeur des choses est devenue incertaine et la situation s'améliorerait-elle vraiment demain qu'on ne pourrait pas le savoir".
propos recueillis par H.N. Marianne n° 643 - lire la totalité de l'interview dans cet hebdomadaire.
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